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15 octobre 2011

Diana G. Gallagher, Le Miroir des Ténèbres (Collection Buffy contre les vampires, T.17)

17 - Diana G

 

 

 

Auteur: Diana G. Gallagher
Titre :
Le Miroir des Ténèbres
Collection : Buffy contre les vampires
Numéro : 17
Edition : Fleuve Noir
Nombres de pages : 376 pages écrites

 

 

 

 

Résumé :

A chaque génération, sa Tueuse. Aujourd’hui, c’est Buffy… Sans elle, les vampires n’auraient pas d’ennemi à leur taille et submergeraient le monde.

Près de Sunnydale, des archéologues ont exhumé les vestiges d’une ancienne expédition espagnole. Mais un miroir d’obsidienne au cadre d’or a été volé sur le site. Giles enquête et découvre qu’il s’agit d’un artefact où se tapit Tezcatlipoca, divinité aztèque des Ténèbres. Un seul coup d’œil suffit pour qu’un mortel tombe sous la coupe du dieu. Et si Tezcatlipoca recrute assez d’adeptes, la nuit éternelle régnera sur le monde. Pauvre Buffy, condamnée à affronter des vampires vingt-quatre heures sur vingt-quatre !

 

 

Avis personnel :

Pas encore lu.

 

" Extrait "

 

Prologue

 

Le capitaine Diego de Garcia grogna dans son demi-sommeil. Ce n’était pas la morsure des graviers dans son dos qui le perturbait. Pas plus que la pluie qui s’accumulait sous son abri de fortune. Mais ses rêves qui refusaient de le laisser en paix. Malgré les centaines de kilomètres qui le séparaient des conquistadors d’Hernán Cortés, il n’arrivait à oublier ni les sacrifices aztèque ni les massacres espagnols.

Et pas davantage la mort qu’il avait frôlée, derrière les temples de Tenochtitlán, le 1er juillet 1520.

Cours !

Le front de Diego était baigné de sueur. Le souffle rauque, il fuyait à travers la chaussée défoncée de l’île-cité aztèque. Devant lui, il y avait la sécurité des collines et de la rive…

Dans ses cauchemars, l’odeur du sang et de l’eau salée était omniprésente. Il courait, poursuivi par une horde portant les costumes chamarrés des différents ordres militaires aztèques.

Autour de lui, les Espagnols et leurs alliés en déroute tombaient sous les coups, ou se noyaient dans le lac. Lestés par l’or volé, ils coulaient à pic sans que personne se porte à leurs secours.

Cortés avait encore une bonne avance en atteignant la terre ferme, l’épée à la main, quand un couteau d’obsidienne se planta dans la cuisse de Diego…

Le capitaine se redressa en grognant, couvert de boue. Cela faisait plus d’un an que son armée avait été chassée de la capitale aztèque. Deux semaines après, le général avait envoyé Garcia au nord avec une petite force d’exploration et la carte d’un trésor indigène.

Mais le temps ne suffisait pas à effacer ses souvenirs ; au contraire, ils se faisaient de plus en plus intenses. Diego haussa les épaules, refusant de croire que son rêve récurrent était un présage.

Il chassa les images qui flottaient dans son esprit.

S’essuyant le nez d’un revers de manche, il se traîna à l’entrée de l’abri. Les pluies torrentielles avaient cessé ; la lumière de la lune perçait les nuages.

Grelottant, il se redressa et embrassa le campement du regard. Les sept hommes qui lui restaient se serraient sous un promontoire rocheux. Les autres étaient morts, victimes des attaques et des accidents qui avaient émaillé leur périlleuse traversée du désert. Ils n’avaient pas eu une journée au sec depuis une semaine ; la chaleur ne semblait pas près de revenir, et le bois manquait pour faire du feu.

Garcia n’y pouvait rien, sinon laisser les survivants reprendre des forces.

Et trouver une cachette convenable pour le trésor aztèque avant de rallier l’armée de Cortés. La seule enclave de civilisation dans ce monde maudit…

Diego jeta un coup d’œil aux chevaux attachés aux arbres rachitiques. La queue et la tête asses, ils s’étaient résignés au mauvais temps. Les fontes qu’ils portaient depuis plus de mille kilomètres s’entassaient contre un rocher, pleines de turquoises, de masques, et d’idoles en or serties d’obsidiennes représentant les dieux aztèques assoiffés de sang, le tout enveloppé dans plusieurs épaisseurs de cuir et de tissu.

Cette fortune ne serait pas offerte à la Couronne, mais récupérée par Cortés une fois le continent pacifié. Diego n’osait pas douter de la récompense promise par le conquistador, et encore moins trahir sa confiance. Seul un imbécile aurait osé défier ce champion invincible de la conquête espagnole.

Mais si Cortés tombait au combat, Diego n’aurait aucun scrupule à s’approprier le trésor. Personne ne vivrait assez longtemps pour dévoiler l’emplacement de la cachette, qui restait à déterminer.

Cet endroit conviendrait peut-être. Puisqu’ils n’avaient pas croisé de groupe de chasse ni de village depuis une centaine de kilomètres, le trésor serait à l’abri d’une découverte accidentelle.

Diego hocha la tête, examinant le paysage. L’eau ruisselait sur l’arête du rocher surplombant ses hommes. Une grande tour de pierre attira son regard. La lune lui conférait un aspect inquiétant.

Le capitaine frissonna et tapa du pied, salissant davantage encore ses bottes. On était à la mi-août, bon sang ! Un froid pareil était déplacé. Un feu de camp aurait amélioré le moral de la troupe. Mais c’était sans espoir. Tout ce que les soldats auraient pu utiliser était trempé. La puanteur de la décomposition végétale imprégnait les lieux.

Soudain inquiet, Diego boitilla vers les sacoches. Sa douleur à la cuisse et surtout l’éclat de l’or lui feraient oublier ses rêves prémonitoires.

Il ne vit pas tout de suite le filet de fumée qui montait d’un sac. Mais il sentit : une fragrance boisée mêlée d’une odeur acide de métal.

Agenouillée devant une sacoche, Diego regarda les volutes grisâtres voiler la lune. Il passa une main sous le rabat de cuir mouillé. Abandonnant un instant toute logique, il se surprit à espérer. Un bout de charbon incandescent aurait pu par miracle attiser un reste d’encens… Il ignorait ce qu’il faisait là, mais avec une poignée de paille, il en ferait un feu.

Pourtant, il ne sentait pas de chaleur.

Sa main rencontra une surface lisse et froide.

La curiosité piquée au vif, Diego sortit de la sacoche un miroir d’obsidienne rond cerclé d’or, de turquoises et d’argent. Des volutes montaient de cette surface noire d’une trentaine de centimètre de diamètre ; Diego les vit tourbillonner à l’intérieur de la pierre.

Le sol trembla, mais il demeura comme paralysé.

Ses yeux comme son âme étaient à la merci du miroir…

Son propre visage s’y reflétait, troublé par la fumée. Ses cheveux emmêlés encadraient des traits marqués par de trop nombreuses années de guerre. Ses yeux plissés trahissaient la lassitude qui l’avait prématurément vieilli.

Son pouls s’accéléra quand son reflet s’estompa, remplacé par le Templo Maor – le cœur de la cité de Tenochtitlán… et symbole de la culture aztèque.

Diego tressaillit, certain d’avoir perdu la raison sous les assauts répétés de ses cauchemars. Il avait manié l’épée sans relâche pour anéantir les tribus qui résistaient à l’envahisseur. Mais des milliers de prisonniers espagnols étaient morts sous les couteaux aztèques, sacrifiés sur les autels de pierre, au sommet des temples.

Comme pour se moquer de sa peur et de son dégoût, une rivière de sang dévala les marches de l’édifice. La fumée grisâtre qui s’élevait d miroir se teinta de rouge ; l’image s’agrandit, révélant toute l’ile.

Une bataille faisait rage dans les étroites ruelles… Mais ce n’était pas l’hallucination d’un dément traumatisé par la défaite.

Une attaque massive avait été lancée par les Espagnols.

Ou allait l’être.

Diego ne douta pas un instant que les évènements reflétés par le miroir étaient prophétiques. Hypnotisé, il regarda les hommes en brigandines patrouiller aux abords du lac Texcoco.

Un par un, les canots indigènes venus les affronter furent coulés. Trois divisions espagnoles traversèrent au pas de course les rus menant à l’île, puis la place Tlatelolco, forçant les guerriers aztèques à battre en retraite. Jusqu’à ce qu’ils se retournent pour faire front.

Les malheureux fantassins espagnols furent capturés et traînés devant les temples.

Diego frissonna, incapable de détourner le regard. Les Aztèques arrachaient le cœur palpitant de ses compagnons d’armes et disposaient leurs têtes coupées le long du temple. Un avertissement – aussi horrible que vain – destiné à Cortés.

Scandalisé par ce spectacle, l’armée espagnole se déchaîna, déferlant telle une vague de mort et de destruction. Un cri primitif retentit dans la nuit quand les temples s’effondrèrent devant la fureur de cette marée humaine…

Les hommes de Diego se réveillèrent avec des grognements de mécontentement qui ne couvrirent pas le grondement montant du sol.

Leurs jurons se transformèrent en cris.

La peur les éperonnant bien davantage que n’importe quel cavalier, les montures brisèrent leurs entraves et disparurent dans la nuit.

Diego ne pouvait détacher son regard du miroir d’obsidienne. Captivé, il vit son visage se superposer aux ruines de Tenochtitlán, et il gémit quand sa peau se flétrit, ses muscles et son sang fondirent dans un tourbillon de fumée rougeâtre.

Terrifié, il contempla les orbites vides de son propre squelette, puis les yeux dorés d’un énorme jaguar.

Quand le monde explosa, le capitaine Diego de Garcia se noya dans une mer de roches et de boue, les mains serrées sur le miroir et la bouche ouverte sur un cri silencieux.

 

Fin du Prologue

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